"Après avoir ainsi, de l’impression des objets sensibles & du sentiment intérieur qui me porte à juger des causes selon mes lumières naturelles, déduit les principales vérités qu’il m’importoit de connaître, il me reste a chercher que, es maximes j’en dois tirer pour ma conduite, & quelles règles je dois me prescrire pour remplir ma destination sur la terre, selon l’intention de celui qui m’y a placé."

— Rousseau, Jean-Jacques (1712-1778)


Date
1762
Metaphor
"Après avoir ainsi, de l’impression des objets sensibles & du sentiment intérieur qui me porte à juger des causes selon mes lumières naturelles, déduit les principales vérités qu’il m’importoit de connaître, il me reste a chercher que, es maximes j’en dois tirer pour ma conduite, & quelles règles je dois me prescrire pour remplir ma destination sur la terre, selon l’intention de celui qui m’y a placé."
Metaphor in Context
Après avoir ainsi, de l’impression des objets sensibles & du sentiment intérieur qui me porte à juger des causes selon mes lumières naturelles, déduit les principales vérités qu’il m’importoit de connaître, il me reste a chercher que, es maximes j’en dois tirer pour ma conduite, & quelles règles je dois me prescrire pour remplir ma destination sur la terre, selon l’intention de celui qui m’y a placé. En suivant toujours ma méthode, je ne tire point ces règles des principes d’une haute philosophie, mais je les trouve au fond de mon coeur écrites par la nature en caractères ineffaçables. Je n’ai qu’à me consulter sur ce que je veux faire: tout ce que je sens être bien est bien, tout ce que je sens être mal est mal: le meilleur de tous les casuistes est la conscience; & ce n’est que quand on marchande avec elle qu’on a recours aux subtilités du raisonnement. Le premier de tous les soins [53] est celui de soi-même: cependant combien de fois la voix intérieure nous dit qu’en faisant notre bien aux dépens d’autrui nous faisons mal! Nous croyons suivre l’impulsion de la nature, & nous lui résistons; en écoutant ce qu’elle dit à nos sens, nous méprisons ce qu’elle dit à nos coeurs; l’être actif obéit, l’être passif commande. La conscience est la voix de l’âme, ces passions sont la voix du corps. Est-il étonnant que souvent ces deux langages se contredisent? & alors lequel faut-il écouter? Trop souvent la raison nous trompe, nous n’avons que trop acquis le droit de la récuser; mais la conscience ne trompe jamais; elle est le vrai guide de l’homme: elle est à l’âme ce que l’instinct est au corps; qui la suit obéit à la nature, & ne craint point de s’égarer. Ce point est important, poursuivit mon bienfaiteur, voyant que j’allais l’interrompre: souffrez que je m’arrête un peu plus à l’éclaircir.
(IV, 298-9)
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Citation
Over 20 entries in ESTC (1762, 1763, 1765, 1767, 1768, 1773, 1774, 1779, 1780, 1781, 1783, 1785, 1799).

See William Kenrick's translation: Emilius and Sophia: or, a New System of Education. Translated from the French of J. J. Rousseau, Citizen of Geneva. By the translator of Eloisa, 2 vols. (London: Printed for R. Griffiths, 1762). <Link to ECCO>

Reading in Jean-Jacques Rousseau. Émile, trans. Barbara Foxley (London: J.M. Dent, 1993).

French text from Jean-Jacques Rousseau, Collection complète des oeuvres, 17 vols (Genève, 1780-1788). <Rousseau Online>
Date of Entry
08/14/2013

The Mind is a Metaphor is authored by Brad Pasanek, Assistant Professor of English, University of Virginia.